En se ruant sur les promotions opérées par les grandes surfaces, le consommateur croit avoir fait de bonnes affaires. Mais, en fin de compte, qui est le gagnant ?
Depuis les années 1990, les grandes surfaces et les hypermarchés se multiplient à travers toutes les régions du pays et diversifient leurs méthodes de vente. Le réseau est de plus en plus dense. Ainsi, leur nombre, nous le voyons, prolifère partout.
Bénéficiaires, à bien des égards !
Ce phénomène ne peut s’expliquer, à notre sens, que par l’appât du profit facile. En effet, ce commerce, quoi qu’on en dise, est bénéficiaire sur tous les plans. Tout comme les banques. On comprend mieux les choses quand on voit les pratiques utilisées par ces commerces. D’abord, ils achètent, généralement, à crédit auprès de leurs fournisseurs (qui n’ont guère le choix). Ils vendent au comptant à leurs clients. Ce sont eux qui imposent leurs conditions lors des transactions avec les divers fournisseurs.
Quand il s’agit de vendre à la clientèle, il y a mille et une manières de le faire. Rien que pour les produits de forte consommation, le client est doublement pénalisé. En achetant un paquet de lait à 1D350, il paye en fait 1.450 (c’est le droit de timbre à 100 millimes). Ce droit est payé autant de fois que le nombre de paquets achetés.
En outre, ces produits comme d’autres ne permettent pas aux acheteurs de bénéficier des points de fidélité, comme c’est le cas pour tous les autres achats.
Mais ce qui est plus choquant, c’est ce qu’on appelle les actions promotionnelles où on fait croire aux clients qu’ils sont gagnants. Du coup, on incite les gens à acheter plus que leurs besoins mais, en plus, on réalise des profits inconsidérés. Sur ces points, les grandes surfaces ne respectent pas les règles. Par exemple, le contrat moral avec les clients n’est pas respecté dès lors qu’on le prive de son droit aux points-fidélité, sous prétexte qu’il s’agit de farine, de lait ou d’huile d’olive à 15 D, etc.
Le troisième est-il, vraiment, gratuit ?
Par ailleurs, et c’est peut-être encore plus grave, les promotions sur certains produits ne manquent pas d’intriguer. Lorsqu’on propose une marchandise à un prix exceptionnel, on ne fait qu’éveiller les soupçons sur la crédibilité des opérations. Comment est-il possible qu’un magasin soit gagnant quand il vend trois produits au prix de deux? C’est la fameuse méthode nommée “le troisième gratuit”. Ceci est-il vraiment gratuit ?!
Il est inconcevable pour quelqu’un de croire qu’on lui cède tel ou tel article gratuitement, parce qu’il en a acheté trois. Aussi est-il temps de cesser de prendre les gens pour… des idiots. Le marketing est un art. Aussi faut-il être intelligent pour le pratiquer, d’autant que l’on s’adresse à des consommateurs de plus en plus avertis.
Somme toute, nous évoquerons, à titre de rappel, l’article que nous avons publié dans notre journal, le 9 janvier dernier. Il y était question, entre autres, de la pénurie prolongée de la chicorée. Ce produit avait disparu des circuits pendant plusieurs années. Mais ne voilà-t-il pas qu’il réapparaît subitement et en grande pompe. Alors que son prix ne dépassait pas les 2 D, il n’y a pas si longtemps (un paquet de 250 g), il est exposé, aujourd’hui, à… 7 D 190 dans une grande surface. Cette même enseigne l’offre à 5 D 390. Cette réduction de 1 D 800 ne peut pas cacher la très grande marge bénéficiaire sur ce produit. Déjà l’écart entre le prix avant sa disparition du marché et sa réapparition est très grand. C’est plus que le triple. Qui pourra nous expliquer cette anomalie ?